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13 octobre 2016 4 13 /10 /octobre /2016 17:43
ANCI

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Sous le regard du peuple de Côte d’Ivoire qui les a mandaté de parler et de défendre ses intérêts au sein de l’hémicycle, nos vaillants parlementaires vont voter l’avant-projet de loi portant révision ou élaboration de la nouvelle Constitution (C’est selon). La Côte d’Ivoire, après le referendum d’adoption de la nouvelle Constitution, va humer, si le «OUI» l’emporte, l’air de la troisième République. Un vœu pieux du Président de la République qui condense en ces termes: «Notre objectif principal est de donner à notre pays un acte constitutionnel plus moderne qui renforce les droits et devoirs de tous les citoyens. C’est aussi l’occasion de tourner définitivement la page des crises successives que notre pays a connues, d’écrire une nouvelle page de notre histoire en proposant un nouveau pacte social qui consacrera l’avènement de la 3ème République…», dixit Alassane Ouattara devant les députés, le 5 Octobre 2016. Il est évident que l’enjeu de cette révision va au-delà du nombrilisme de nos politiciens qui, pour la plupart, ne défendent que leur chapelle politique et leur mentor, plutôt que de prendre véritablement en considération l’aspiration du peuple souverain. L’avant-projet de loi est passé comme lettre à la poste. La Commission des Affaires générales et institutionnelles de l’Assemblée nationale ivoirienne l’a adopté. Ensuite vient, aujourd’hui, l’adoption en plénière par le parlement, lieu par excellence de délibération et détenteur du pouvoir législatif, principalement chargé de voter les lois et le budget et de contrôler l’action du gouvernement. Et qui assure la représentation du peuple dans les États démocratiques. A ce titre le parlement est le «destin de la Démocratie», selon la formule de Hans Kelsen (1881 - 1973 juriste austro-américain. Dans le domaine du droit, il est à l'origine de la «théorie pure du droit»). Un détour transversal dans les abysses de l’histoire de la démocratie à travers la Grèce antique permet de comprendre que depuis la nuit des temps, cette institution - le parlement - s’est présentée comme le baromètre de la vitalité de la démocratie dans un Etat. En effet, de la Grèce antique à la Rome antique, de l’époque médiévale au Siècle des Lumières, du parlementarisme britannique à la Révolution française, la démocratie a parcouru un longiligne chemin avant de devenir ce qu’elle est aujourd’hui. La nôtre devrait être à soumettre à cette épreuve du temps. Nous allons allègrement à notre troisième République et il y a des acquis qui, en principe, ne devraient pas être touchés ou du moins devraient connaître un bon positif. Notamment la séparation nette des pouvoirs. Un principe sacro-saint de la démocratie moderne et modèle. John Locke (1632-1704) écrivait d’ailleurs à ce propos déjà, en 1690, qu’il faut séparer les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire pour éviter qu’ils reposent dans les mains d’un seul homme. Un chemin emprunté par Montesquieu (1689-1755) qui explique ce qui pourrait être un abus de pouvoir: «C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites. […] Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.» Ce pouvoir qui pourrait arrêter le pouvoir passe nécessairement par le parlement qui comme susmentionné plus haut devrait être chargé de «voter les lois et le budget et de contrôler l’action du gouvernement». C’est-à-dire veiller à l’intérêt du peuple qui lui a délégué une portion de son pouvoir de représentation. Le parlement ne devrait donc pas être une caisse de résonnance et un lieu d’exhibition des écharpes et des plus beaux costumes. Nos honorables devraient parler au nom du peuple et pour le peuple. Ils devraient sans exagération aucune avoir un «devoir d’ingratitude» vis-à-vis des partis politiques qui les ont parrainés, au cas où ces derniers ne préserveraient plus les intérêts des peuples qu’ils ont sollicités et dont ils ont obtenu le suffrage. Les députés-accompagnateurs, qui passent le clair de leur temps à approuver les lois sans en visiter le contenu, ne méritent pas ce prestigieux titre d’honorable dans la mesure où ils ne font honneur à personne, à part à eux-mêmes. Autrement dit, se pose la cuisante question d’un niveau minimum d’instruction pour postuler au siège de député. Cette discrimination vaut son pesant d’or dans la mesure où elle nous éviterait d’avoir des badauds et autres accompagnateurs qui gonflent le nombre de parlementaires. Certains y jouent le rôle de chargés de communication ou de coursiers de leurs propres collègues députés… Tellement ils sont gagnés par l’ennui dû au fait qu’ils ne comprennent pas grand-chose dans le fonctionnement et les procédures parlementaires. Le député ne devrait tirer aucune gloire si à la fin de la législature, il n’a pas fait une proposition de loi qui pourrait porter son nom et améliorer le quotidien des citoyens, comme il est de coutume dans les grandes démocraties. Au moment où les députés de la nation vont prendre cette décision d’adopter ou de rejeter l’avant-projet de loi portant révision de la Constitution en plénière, méditons ensemble sur ce film «Le dernier des Mohicans» dont le synopsis - tant bien romantique qu’historique - décrit qu’alors que la guerre fait rage entre Français et Anglais pour l’appropriation des territoires indiens, en 1757 dans l’Etat de New York, un jeune officier anglais, Duncan Heyward, est chargé de conduire deux sœurs jusqu’à leur père. Chemin faisant, ils sont sauvés d’une embuscade par Hawkeye, un frontalier d’origine européenne, élevé par le Mohican Chingachgook et son fils Uncas. Les trois hommes acceptent d’escorter les deux jeunes filles jusqu’à leur destination au risque de leur propre vie... Nos parlementaires sont donc face à leur responsabilité historique, devant le peuple, et devant la nation. Accepteront-ils d’escorter la nouvelle Constitution comme dans le film jusqu’à destination…au mépris de l’intérêt du peuple ou en tenant compte de cet intérêt?

 FRANCIS TAKY

Humeur FRANCIS TAKY

In L’éléphant déchainé 487

 

 

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